pour ses articles sur la médecine et la chimie. Malgré cela,
Hahnemann était profondément perturbé par le manque de
pensée fondamentale sous-tendant la thérapeutique de son
epoque qui consistait en des saignées, des purgations, des
applications de sangsues, et l’utilisation de drogues toxiques.
Il écrivit à un de ses amis:
« C’était une torture pour moi de marcher toujours dans
l’obscurité lorsque j’avais à traiter un malade et à prescrire
selon telle ou telle hypothèse médicale des substances qui ne
devaient leur place dans la matière médicale qu’à telle ou telle
hypothèse arbitraire … Ainsi, après mon mariage, j’ai renoncé à
la pratique de la médecine pour ne plus courir le risque de
nuire aux gens et je me suis orienté exclusivement vers la
chimie et les travaux de littérature. (Mais je devins père et des
maladies graves menacèrent mes enfants bien-aimés.) … Mes
scrupules redoublèrent lorsque je vis que je ne pouvais pas leur
offrir un soulagement certain (3). »
Il retourne à sa profession de traducteur d’ouvrages
medicaux mais son esprit toujours en éveil est en quête des
principes fondamentaux sur lesquels devrait reposer la théra-
peutique. C’est alors qu’il travaille à la traduction de la
materia medica de Cullen que lui vient l’idée qui devait le
conduire à sa découverte révolutionnaire. Cullen était profes-
seur de médecine à l’université d’Edimbourg et il avait
consacré vingt pages de sa materia medica aux indications
thérapeutiques de l’écorce pelvienne; il attribuait les succès
qu’elle connaissait dans le traitement de la malaria au fait que
« cette substance est amère ». Cette explication ne satisfait
pas Hahnemann et il décide de la tester sur lui-même; une
attitude tout à fait extraordinaire pour l’époque. Il dit lui-
même:
« Je pris, afin de faire l’expérience, deux fois par jour,
quatre drachmes de bon China. Mes pieds, l’extrémité de mes
doigts, etc. devinrent bientôt froids. Je me trouvais faible et
somnolent; ensuite mon cœur commença à avoir des palpita-
tions et mon pouls devint dur et filant, une intolérable anxiété,
des tremblements et un affaiblissement de tous mes membres.
Puis, des battements dans la tête, rougeur des joues, soif, et en
bref, tous ces symptômes qui sont ordinairement caractéristi-
ques de la fièvre intermittente firent leur apparition l’un après
l’autre sans toutefois le frisson particulier de l’accès perni-
cieux.
« Brièvement, même ces symptômes qui apparaissent de
façon habituelle et qui sont caractéristiques comme l’obnubila-